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Le blog de la Fête du Livre 2009 : "L'Asie des écritures croisées, un vrai roman".

vendredi 16 octobre 2009

Soirée inaugurale






La soirée inaugurale s'est ouverte avec Annie Terrier, directrice de l'association "Les Écritures croisées", qui a remercié les auteurs, l'agence "Vu", la ville d'Aix, le ministère de la culture, le conseil régional, les sponsors, les techniciens et bien sur les étudiants en métiers du livre. Noël Dutrait a pris le relais pour rappeler que la fête du livre se déroule en même temps qu'un colloque sur la traduction de la littérature asiatique, et évoquer les problèmes de traduction, conséquence du fait que seuls Thuân et Minae Mizumura sont francophones, ce qui risque de transformer les débats en "missions quasi impossibles".
La parole a ensuite été donnée aux auteurs épaulés de leurs interprètes, auxquels Gérard Meudal a demandé de parler de leurs impressions d'être à Aix-en-Provence pour parler de la littérature asiatique.
C'est avec quelques réticences que Bao Ninh, qui se considère comme un mauvais orateur, a évoqué la relation de cousinage qu'entretiennent le roman français et le roman vietnamien qui n'a encore qu'un siècle d'existence.
Chart Korbjitti fût plus caustique en dénonçant le mépris dont souffrent les littératures des pays en voie de développement, un mépris comparable a celui que peuvent porter les occidentaux aux vêtements thaï. Après avoir lourdement insisté sur la condescendance avec laquelle sont traité les vêtements et la littérature thaï, Korbijitti nous a fait part de ses minces espoirs que l'on trouve un jour sur les étagères françaises "notre littérature" et dans nos armoires "nos vêtements".
Kim Young-Ha a débuté en se comparant à J.Goodal, éthologue célèbre pour son étude des moeurs des chimpanzés, qui - habituée a vivre avec des chimpanzés - avait besoin d'être assistée lors de ses rares déplacements en avions; dans son cas les romans jouent le rôle des chimpanzés. La Provence à une signification particulière pour Kim Young-Ha puisque, selon lui, les meilleurs écrivains français y ont vécu ou y sont morts, mais l'origine géographique d'un écrivain n'a de toutes façons peu d'importance pour cet auteur, qui considère que tous les auteurs appartiennent au "peuple de la littérature".
Lee Seung-U nous a rappelé le sempiternel problème de la barrière de la langue, mais aussi qu'il existe d'autres facteurs de compréhension, ou d'incompréhension, comme les expériences vécues ou la vision du monde grâce auxquels il se sent parfois plus proche des écrivains français que des Coréens.
Li Ang, a réussi a introduire un peu d'humour (taïwanais?) dans cette soirée inaugurale en nous racontant qu'elle s'est ouverte les os en tentant d'ouvrir les eaux de la mer rouge (jeu de mots volontaire?), et que conséquence elle ne peut s'asseoir sans son oreiller. Elle envisage d'ailleurs, en faisant au passage un clin d'oeil a l'oeuvre d'Umberto Eco, d'écrire un roman intitulé Voyage à Aix avec mon oreiller. Fidèle à sa réputation d'auteur engagée - dont la phrase la plus marquante reste "une femme devient libre lorsqu'elle a tué son mari" - elle espère profiter de cette concentration d'écrivains asiatiques pour débattre de la place de la femme dans les différents pays extrême orientaux.
Ce qui a permis à Xu Xing de rebondir avec un "j'espère que Li Ang est contente d'avoir un homme à sa gauche". Lors de sa première promenade dans les rues d'Aix en Provence la ville lui a semblé posséder, comme l'activité littéraire, un "haut degrés d'individualité/individualisme" (termes traduits de la même façon en chinois). Il se réjouit donc de la rencontre entre Aix en Provence et la littérature.
Minae Mizumura, qui semble tourmentée par la question "quel sens y a t-il a parler de la littérature asiatique à Aix ?", a exprimé son respect pour la culture française qui permet l'organisation de ce genre d'évènement tout en déplorant la mauvaise qualité des traductions d'oeuvres asiatiques.
Yoko Tawada, elle, nous a parlé du contraste entre Aix-en-Provence et Marseille qu'elle compare à celui entre Kyoto et Osaka. Nouveau jeu de mot : le mot "Aix" l'intrigue, en Allemagne - où elle passée une partie de sa vie - on l'utilise dans "ex-RDA" ou "ex-petite amie". Le mot Asie lui semble aussi curieux; il a été forgé en Europe, a des relents nationalistes au Japon, et ne rend pas compte de la diversité des cultures extrême orientales. Elle a enchaîné avec la lecture d'un poème japonais aux sonorités étrangement évocatrices; une autre preuve que la différence de langue n'entrave pas toujours la communication.
Thuân nous a parlé de sa conception du roman; un art comme les autres qui doit se renouveler pour survivre; chaque convention étant appelée à disparaître pour laisser la place à d'autres qui disparaîtront à leur tour. Le roman devient un art de plus en plus familier aux auteurs asiatiques qui ainsi transgressent leurs traditions littéraires pour entrer dans la post-modernité.

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Grande nouveauté en cette année 2009 : quatre étudiants du département information-communication option métiers du livre de l'IUT d'Aix-en-Provence ont été mobilisés pour vous faire part de leur expérience en tant que spectateurs de la Fête du livre.

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