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Le blog de la Fête du Livre 2009 : "L'Asie des écritures croisées, un vrai roman".

dimanche 18 octobre 2009

Une heure avec Minaé Mizumura




La rencontre s'ouvre par une question posée par Anne Bayard-Sakai "Que signifie pour vous d'être traduite en français?"
"Un miracle" selon cette auteur francophone qui n'aurait jamais pensé être publiée en français, qui plus est au sein d'une maison d'édition aussi prestigieuse.

Anne Bayard-Sakai l'interroge ensuite sa dernière publication : Târo, un vrai roman.
Il s'agit de son troisième roman, le titre renvoie à un débat qui à eu lieu au sein des écrivains japonais au début du XXe siècle : existe t-il un roman japonais qui se distingue du roman européen ? Une fraction de ces écrivains défendaient la narration de la vie quotidienne de l'auteur, l'autre la fiction à l'européenne. Ce débat a duré jusqu'aux années 1960; période où l'américanisation du Japon a rendu désuet ce genre de prise de position. Pour l'écriture de Tarô, un vrai roman elle déclare s'être fixé comme objectif de réaliser une oeuvre de fiction.

Anne Bayard-Sakai évoque ensuite les références à Les hauts de Hurlevent. Minaé Mizumura a lu Les hauts de Hurlevent en japonais durant son enfance, puis une seconde fois en langue originale lorsque sa maîtrise de l'anglais fut suffisante et fut frappée par la qualité du roman au point d'éprouver de la jalousie. Même si elle considère le roman d'amour comme "stupide" elle a voulu basé le sien sur l'oeuvre d'Emily Brönté. La singularité de son roman est due a l'utilisation d'une technique romanesque qui rappelle Manon Lescaut; un récit, par un des protagoniste, est "enchâssé" entre deux parties assurées par un narrateur qui na prend pas part à l'intrique. Les première et dernière partie du roman sont narré par une femme éduquée, ce qui fait référence au personnage de Lockwood de Les hauts de Hurlevent, la partie centrale par une servante. Autre clin d'oeil à Manon Lescaut, l'inversion du thème de la femme fatale. Minaé Mizumura considère comme une revanche cette mise en scène de l'homme parfait tout aussi invraisemblable que les femmes fatales nées de l'imagination des écrivains.
La rencontre se poursuit avec la présentation d'un de ses précédents ouvrages An i novel from left to right dont l'originalité réside dans l'entremêlement de l'anglais et du Japonais mais aussi dans sa mise en forme. L'alphabet japonais lit de haut en bas et de droite à gauche, ici, cas unique dans la production éditoriale japonaise, la lecture se fait de gauche à droite.

Minaé Mizumira évoque ensuite un événement qui a provoquer une rupture dans sa vie; son déménagement aux États-Unis lorsqu'elle avait 12 ans. Une rupture douloureuse puisqu'elle déclare avoir hais la langue Anglaise dans laquelle elle n'arrivai pas à s'exprimer, et ainsi était considéré comme une arriérée mentale. Son aversion pour la langue anglaise à décrue mais elle considère toujours comme une injustice la multiplication des chances d'être lu si on écrit en langue anglaise. Ce constat l'amène à parler d'un de ses essai intitulé Le moment ou le Japonais disparaîtra. Sa thèse, la menace de disparition que fait planer l'anglais sur les autres langues, a soulevé une polémique au Japon du fait que beaucoup n'ont pas compris que le titre fait référence au Japonais écrit. Le recul du japonais écrit, selon Minaé Mizumura trouve ses causes dans la disparition du lectorat. Ce phénomène serai une conséquence de la "stupidité du ministère de l'éducation et des linguistes de l'après guerre", le premier a limité à trois heures par semaine, et à l'étude d'une seule oeuvre par an les cours de Japonais, et les seconds on pris le partie d'un appauvrissement de la langue japonaise. Cette "révolution culturelle graduelle" est considéré par Minaé Mizumura comme la première étape d'une invasion de l'anglais.

Lorsqu'on l'interroge sur ses projets Minaé Mizumura nous parle d'un roman feuilleton, son objectif étant de produire une littérature accessible à tous mais pleine de références à la tradition littéraire japonaise. La trame devrai mettre en scène une femme prisonnière d'un mariage malheureux car ne pouvant divorcer pour des raisons financières; une histoire qu'elle pense présente dans le psychisme de beaucoup de Japonaises au même titre que celle de Madame Bovary dans celui des Françaises du XIXe siècle.

Lorsque vient le moment des questions du public le dialogue s'oriente vers le problème du monopole de la langue anglaise; Minaé Mizumura déclare a cette occasion que le Japon devrait imiter la France pour sauvegarder sa culture et sa langue. La question récurrente de la traduction est ensuite abordée, celle ci reste problématique dans le cas de la littérature japonaise où la forme, décrite plus haut, revêt autant d'importance que le fond.

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