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Le blog de la Fête du Livre 2009 : "L'Asie des écritures croisées, un vrai roman".

samedi 17 octobre 2009

Projection cinématographique « Me thao - il fut un temps »

SÉANCE CINÉMATOGRAPHIQUE MÊ THAO -IL FUT UN TEMPS

Comme l’a affirmé Guy Astic quand il assura la présentation du film Tropical Malady le jeudi 15 octobre, l’institut de l’image favorise cette année dans le cadre de la fête du livre, la présentation d’un cinéma méconnu du grand public comme notamment la production thaïlandaise, et vietnamienne. En corrélation avec cette démarche, le public pouvait donc assister le vendredi 16 octobre a 20 h à la diffusion du film vietnamien Mê Thao- il fut un temps.
Ce dernier a été conçu en 2003 par la réalisatrice Viet Linh, née en 1953 et ayant effectué ses études a l’école du cinéma soviétique.

Mê Thao - il fut un temps est tiré d’une nouvelle de l’auteur Tuan Nguyen, dont Viet Linh aura pris le temps de rencontrer les membres de la famille. D’après les propos de Jade Nguyen qui a présentée cette séance, le film aurait demandé beaucoup de temps et d’énergie à sa réalisatrice. En effet, le Vietnam semble être une société qui se transforme de plus en plus rapidement, alors que le contexte temporel de l’intrigue est celui des années trente. Dans un souci de crédibilité, il fallait donc présenter aux spectateurs des décors épurés des éléments de la modernité contemporaine. Tâche assidue lorsqu’on pense que cette production ne s’inscrivait pas dans un budget hollywoodien, et fait partie d’un cinéma peu diffusé.

Comme cela a put être explicité précédemment, l’intrigue du film se déroule dans le Vietnam des années trente. Les deux personnages principaux sont M. Truong et M. Nguyen. Le premier est un joueur de luth adroit, le second un aristocrate puissant et respecté par ses pairs. Ces deux individus aux caractères et occupations opposées, seront amenés à se rencontrer lors d’une nuit à Hanoi, où M. Nguyen prendra plaisir à écouter la musique de Truong ainsi que la voix de la chanteuse Tao. Mais la soirée prendra une tournure dramatique puisqu’un jeune homme ivre fera irruption dans l’assemblée, menaçant Tao et les convives de son revolver. Truong prendra peur et viendra à lutter avec l’intrus, provocant ainsi sa mort. Ce dernier était membre de bonne famille, assez influente pour compromettre l’avenir de Truong, sinon son intégrité physique. À partir de là, Nguyen va proposer au musicien de l’héberger dans son vaste domaine, Mê Thao. Truong accepte, non sans ressentiment car le sort de Tao pour laquelle il semble épris, reste incertain. Arrivé a Mê Thao, Truong va assez vite s’acclimater à son nouvel environnement, ainsi qu’à la fonction qui lui a été déléguée, à savoir d’être le principal intendant de son bienfaiteur. Cette quiétude va vite être interrompue par la mort accidentelle de la compagne de Nguyen. Ce dernier sera alors plongé dans une longue décrépitude physique et mentale, qui aura des conséquences terribles sur son domaine et cela aussi bien sur le plan économique que social. À mesure que l’état de Nguyen empire, ses serviteurs vont se démarquer de ce qui faisait alors leur quotidien.
On assiste donc à une opposition patente de deux conceptions de la vie. La tradition et le système aristocratique, grignotés par l’essor de la modernisation, cette dernière étant incarnée par les chemins de fer et le colon français. Ce film pourrait évoquer Le guépard de Lampedusa, puisqu’on assiste de l’intérieur à la décadence d’un système politique et social, au profit de l’émergence d’un ordre nouveau.
Après tout le titre du film reste éloquent.

Mais il ne faudrait pas considérer Me Thao - il fut un temps, comme une chronique historique du Vietnam des années trente. Le thème central reste celui de l’amour - ou surtout la perte, la disparition des êtres aimés et les comportements de cristallisation que cela peut engendrer. C’est le cas de Nguyen avec son épouse et de Truong avec Tao. Les protagonistes vont idéaliser les individus dont ils sont épris, jusqu’à les élever a un rang quasi divin, ce qui les conduira à leur perte, car, comme l’affirme Nguyen, « tout aveuglement se paie au prix fort ». En effet, la réalité concrète les rattrapera, et les plongera dans l’amertume et la frustration. Face à cet état des choses, seule la mort semble être une alternative acceptable, même si cette dernière frappe les individus contre leur gré. Le film est donc majoritairement dramatique, mais plusieurs registres s’y confondent. On y trouve parfois de l'ironie, ainsi que des éléments fantastiques qui reflètent les fantasmagories des protagonistes. Le ton est résolument lyrique, symbolique, ces aspects étant révélés par la beauté des images, ainsi que la bande sonore d’une grande qualité.

Les personnes que l’équipe blog ont interrogées disent avoir apprécié le film, du fait qu’il permettait de plonger dans un monde aux antipodes de notre civilisation, mais également le fait que le tout était touchant par son coté désuet. Ce dernier point pour certain est apparu comme un défaut majeur, puisque était reproché une vision très achétypée, « clichée », de la psychologie humaine, ce qui n’est pas sans rappeler certains éléments du cinéma soviétique, par lequel la réalisatrice a été influencée.

En ce qui me concerne, la projection a été agréable, et je n’aurai que deux remarques négatives à exprimer ici:
- Premièrement, le film commence en faisant une ellipse sur une époque nous étant contemporaine, avant de se plonger dans les années trente. Mais cette corrélation semble peu utile, car on ne peut rattacher aucun lien concret aux deux périodes, cela a l’inverse de Land and freedom de Ken Loach, par exemple.
- Ensuite, les doublages des protagonistes français sont assez risibles.

Mais dans l’ensemble, on est devant une œuvre de qualité, tant par la réalisation que par la pertinence des thématiques convoquées.

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