Que pensez-vous de la Fête du livre de cette année ?

Le blog de la Fête du Livre 2009 : "L'Asie des écritures croisées, un vrai roman".

samedi 7 novembre 2009

« Une heure avec Xu Xing »

A 10h30, le dimanche matin, s’est déroulée – dans la bibliothèque Méjanes, qui était ouverte spécialement à l’occasion de la Fête du livre – une passionnante rencontre d’une heure avec Xu Xing, où une vingtaine de personne était présente. Pour commencer cette « heure avec … », Xu Xing nous a parlé de son enfance, de l’éloignement de ses parents, du premier voyage pour aller les voir – expérience marquante et déterminante – et de l’habitude qu’il a depuis lors de voyager. Mais l’aspect de son enfance qu’il a le plus développé est son coup de foudre pour une jeune fille âgée de deux ans de plus que luire, expérience qui l’a amené à l’écriture. En effet, Xu Xing lui a écrit une lettre d’amour où, pour la séduire, il lui racontait ses voyages et ses idées sur la révolution culturelle. Prise de panique, la jeune fille a donné cette lettre à son professeur de politique – également policier – qui l’a alors envoyé en prison, où il est resté 40 jours ; 40 jours qui ont fait de lui un adulte. Plus de 30 années ont passées depuis cet événement, et Xu Xing a sorti un film sur la révolution culturelle et sur cette histoire – une histoire qui a déterminé sa façon d’écrire. Le film s’appelle Ma révolution culturelle, a été programmé 4 fois sur la chaîne Arte, et va été projeté à Lille, en novembre.

Est ensuite venu le moment pour le public de poser ses questions. La première question était de savoir si le professeur ne pouvait pas déchirer la lettre, tout simplement. Ce à quoi Xu Xing a répondu par la négative, en arguant qu’il y avait trop de témoins de cette lettre (la jeune fille, sa meilleure amie – avec qui elle avait lu la lettre – et le professeur, donc) et que si cette histoire été remontée à la surface, le professeur aurait été impliqué.

La deuxième question concernait l’enfance de Xu Xing ; comment il avait vécu sans ses parents. L’auteur a répondu que ç’a été pour lui une période difficile et solitaire, mais qu’avec le recul il considérait cette période de sa vie comme une richesse, une originalité dans sa vie.

La troisième question demandait à l’auteur quelles avait été les réactions de la jeune fille à la sortie du film. Xu Xing a répondu qu’il avait revu ce premier amour, et qu’elle lui avait expliqué que la décision de remettre la lettre au professeur avait été difficile pour elle ; qu’elle avait beaucoup réfléchi avant de le faire. Et elle a ajoutée que c’était la seule décision qu’elle ne s’est jamais pardonné – suite à quoi Xu Xing nous a confié qu’il lui avait pardonné depuis longtemps.

La quatrième question était de savoir pourquoi Xu Xing a fait un film sur la révolution culturelle, et comment ce film s’est inscrit dans le contexte de la Chine contemporaine. Xu Xing a répondu que la révolution culturelle est un tabou en Chine ; mais aussi que le gouvernement voulait faire de chaque chinois un révolutionnaire, et que maintenant il a fait de chaque chinois un consommateur. Les autorités chinoises ont choisi de développer l’économie. Malgré ça, des problèmes subsistent, et c’est à partir de son vécu que Xu Xing tente d’expliquer ces événements. Le film lui a permis de faire un retour en arrière sur sa vie – étant donné qu’il a commencé le tournage de ce film à 50 ans passés. Il a eu le sentiment que cette histoire concernait une multitude de personnes, mais que beaucoup ne voulaient pas en parler. Il a tenté de relater les événements passés à travers sa propre personne. Ce film est une introspection, un retour sur lui-même. Mais s’il peut toucher des gens, tant mieux ! nous a déclaré Xu Xing. Le sujet a ensuite dévié sur la Chine actuelle. Selon l’auteur, elle entretient une idéologie de l’oubli, qui fait place à la consommation. La soi-disant stabilité de la Chine est très peu crédible, elle s’oppose à des mouvements populaires et sociaux. Et depuis le XXe siècle, il n’y a pas eu de changements sur le plan des clivages entre richesse et pauvreté. De plus, Pékin semble avoir totalement perdu son identité ; ses immeubles sont devenus les mêmes que ceux des grandes villes.

La conférence s’est alors terminée, après les questions d'un public conquis, avec un quart d’heure de retard – ce qui marque bien combien elle était captivante !

dimanche 25 octobre 2009

RENCONTRE : MASTER CLASSE



- RENCONTRE : MASTER CLASSE


Le dimanche 18 octobre 2009, la Cité du livre offrait l’opportunité aux étudiants de l’Université de Provence et de l’IUT département « Métiers du livre » de dialoguer avec trois des auteurs invités. De 9h30 à 11h30 à l’amphithéâtre de la verrière, Bao Ninh , Minaé Mizumura et Chart Korbjitti ont pris le temps de répondre aux questions que le public leur adressait sur le thème « Être écrivain aujourd’hui au japon, en Thaïlande et au Vietnam »

La première question aux auteurs concernait leur capacité à vivre de leur plume. Les éléments de réponse furent distincts, car ils reflétaient l’expérience des individus interrogés. Néanmoins, tous convergeaient sur un point, à savoir la conception de la démarche littéraire pratiquée, cette dernière étant de primer la qualité artistique, la difficulté de l’écriture au détriment de l’argent et de la logique de rentabilité .
Les auteurs ont insisté sur le fait qu’ils connaissaient parfois des difficultés à vivre du revenu de leurs travaux, et suivant cette logique ils ont du - ou doivent encore - alterner leur démarche d’écrivain avec d’autres activités professionnelles comme cela a été le cas pour Chart Korbjitti qui, à ses débuts, conjuguait l’écriture avec la réalisation de sacs en cuir.
Cette question se pose a tous les écrivains du monde, mais les auteurs ont évoqué des éléments propres au contexte de leur pays.
Ainsi, Chart Korbjitti et Bao Ninh ont exposé le fait que le Vietnam et la Thaïlande comptaient peu de lecteurs, et qu’un écrivain dépendait de la fidélité d’un public plus ou moins restreint.
Bao Ninh a ensuite exposé le fait qu’il y avait au Vietnam une tradition littéraire forte ancrée dans le patrimoine historique, notamment le confucianisme prônant le mépris de l'argent.

La seconde question concernait les différences entre la littérature européenne et asiatique.
Les réponses ont traité du fait que comme l’Europe, l’Asie a de multiples visages , et qu'à partir de là les éléments de comparaison sont difficiles a établir.

Néanmoins, Minaé Mizumura a fait remarquer que le Japon s’est rapproché de ses voisins, et qu’une indenté littéraire asiatique se développe. Dans cette corrélation, une personne demanda aux auteurs quelles étaient, selon eux, les différences entre la mentalité asiatique et européenne.
Bao Ninh affirma que pour lui l’humanité a des traits communs, et il appuya ses propos en racontant son premier voyage aux États-Unis, au cours duquel sont tombées toutes les appréhensions qu’il avait alors à l’encontre de ce pays.
Chat Korbjitti vint lui à déclarer que, de son point de vue, c’est l’échange entre différentes cultures qui est intéressant, non pas leur comparaison.

La dernière question, concluant l’entretien, fut centrée sur la censure . Quelle place elle prend dans les pays dont les auteurs sont originaires, et si ces derniers y ont été confrontés. Minaé Mizumura déclara que les thématiques concernant le sexe et la pauvreté font partie de l’essence de la littérature japonaise, et que donc ces sujets peuvent être abordés librement; ce qui est moins le cas avec la thématique de l’empereur que des groupes d’extrême-droite tentent d’occulter. Bao Ninh déclara que la censure est « naturelle » au Vietnam , mais qu’il n’y a pas été particulièrement confronté. Car dans la mesure où ses premiers écrits furent publiés dans un contexte de débâcle politique pour l’URSS , ils passèrent inaperçus. Chat Korbjitti, quant à lui, déclara qu’en Thaïlande la censure était surtout présente dans les années 1970, et que actuellement cette dernière prenait des formes plus subtiles, notamment comme des pressions économiques.

En guise de conclusion, je dirais que cette conférence a permis d’établir le parcours des différents auteurs, et que même si les thématiques avancées concernaient tous les écrivains, certains auteurs ont su, de manière pertinente, exposer ce que faisait l’influence d’un environnement social, économique, culturel et politique sur la démarche d’un auteur.

dimanche 18 octobre 2009

« L'Asie des écritures croisées : influences, miroirs, croisements »

Auteurs présents : Kim Young-Ha, Volodine, Xu Xing, Minae Mizurama.

Le débat s'ouvre avec la question de l'influence des voyages sur l'écriture. Les auteurs sont donc interrogé sur leurs déplacements à l'étranger. Xu Xing nous parle de son premier voyage en Europe durant années 1980 qui a modifier sa vision de l'Occident jusque là "superficielle". Ce voyage dans des "pays développés" l'a, dit-il, "ébranlé". Il raconte ses conversations avec des intellectuels chinois qui ne sont jamais sortis de Chine, au cours desquelles il choque par ses critiques de certains aspects de la démocratie. Il évoque ensuite l'incompréhension qui caractérise les relations entre occidentaux et extrême-orientaux en citant le nom d'un article écrit par un amis, Un malentendu nécessaire, et en narrant une des anecdotes du dernier salon de Francfort au cours duquel la délégation chinoise a harcelé les organisateurs avec des remarques négatives.

Le dialogue s'oriente ensuite vers la multitudes d'influences que renferme l'oeuvre de Kim Young-Ha. Se déclarant facilement influençable, ce dernier y voit une des conséquence d'une intoxication au monoxyde de carbone lorsqu'il avait 10 ans, qui a effacé tout ses souvenirs. D'où cette sensation qu'il éprouve de "flotter sans point fixe". Sa première rencontre avec l'Europe a eu lieu en 1992, accompagné de sa petite amie étudiante en art il a visité il a visité tout les musées de peinture des villes traversées. Le roman qu'il a écrit à son retour en Corée, selon ses mots, "commence par David et se termine par Delacroix".

Minaé Mizumura enchaîne avec le récit de son installation aux États-Unis lorsqu'elle avait 12 ans. Ses parents, très occidentalisé, n'aimaient pas le Japon en partie a cause de son rôle durant la seconde guerre mondiale. Elle dit avoir pris conscience d'être Japonaise en arrivant au États-Unis, où elle fut frappé par le niveau de vie alors supérieur à celui du Japon. Ce déménagement l'aura en tout cas révélé en tant qu'élève : médiocre au Japon dont elle critique le système scolaire, elle a obtenu d'excellents résultats aux États-Unis. Elle s'attarde ensuite sur l'édification de sa culture littéraire; nourrie de classiques japonais que ses parents avaient ramenés dans leurs valises, elle découvre par la suite à l'université les littératures russe et françaises.

La parole est ensuite donnée à Antoine Volodine qui a résidé quelque temps à Macao. Ses premiers contacts avec l'Asie se sont fait dans les salles obscures, puis à travers les arts martiaux et la littérature.
Thuân prend ensuite le relais pour nous parler de sa découverte de la littérature qui débute avec la bibliothèque familiale, puis de son arrivée à Moscou à l'âge de 17 ans lorsqu'est lancée la perestroïka. Ce séjour fut pour elle une période de découvertes autant littéraires - Marguerite Duras par exemple - que gastronomiques - le fromage français, le poulet Allemand et ... McDonald's ! Soulignant l'importance de la lecture pour un écrivain, elle illustre ses propos par une citation de Marguerite Duras : "aimer, ce n'est pas copier". Elle entreprend donc de mettre en relief les caractéristiques qui distinguent son roman Chinatown de sa principale influence : L'amant de Marguerite Duras.

Kim Young-Ha évoque ensuite son dernier roman, L'empire des lumières. Un espion dormant Nord-Coréen reçoit, après 20 ans de vie en Corée du Sud, l'ordre de renter en Corée du Nord. Le roman narre les 24 heures de réflection qui suivent. Ce court résumé lui donne l'occasion d'évoquer les mutations constantes que connaît Séoul, où la plupart des vieux quartier sont rasés pour laisser place à des bâtiments neufs.

Xu Xing nous décrit ensuite ses pérégrinations de jeunesse, sa traversée de la Chine du Nord au Sud en vélo, ses 6 mois passés au Tibet qui lui rappellent un proverbe Chinois : "Parcourir 10 000 kilomètres équivaut à lire 10 000 livres".

On poursuit sur la Chine avec Antoine Volodine dont l'oeuvre évoque à deux reprises Macao, ce qui correspond à ses deux séjours. Il s'attarde sur les bouleversements qu'a connut la ville durant ce laps de temps.
Le débat s'oriente ensuite sur le temps, Minaé Mizumura déclare que le temps et la mort sont au centre du travail littéraire.

Lorsque le dialogue dévie vers les influences respectives de chaque auteur, Xu Xing prend la parole pour évoquer ses étude primaire au cours desquelles il fut particulièrement marqué par Mon oncle de Maupassant, et par la dénonciation du capitalisme trés présente dans l'approche des oeuvre littéraires au programme. Il avoue reconnaître son influence sur les écrits de la jeunes génération d'auteurs chinois malgré le fait qu'il ne se sente pas à l'aise dans ce rôle "d'écrivain le plus influent de sa génération" que même les textes officiels lui attribuent.
Minaé Mizumura, quant à elle, ne voit aucun lien de parenté entre elle et les nouveaux écrivains japonais qu'elle juge "indifférents à la dimension historique". Les traces de l'histoire ont de toutes façon tendance à disparaître au Japon en Corée et en Chine.
Kim Youn-Ha parle de Séoul comme d'une ville "amnésique", Xu Xing renchérit en déclarant que la politique de démolition/reconstruction menée en Chine à anéantit les singularité des villes chinoises.

Le débat se clôt avec une énumération par les auteurs des oeuvres issues de leurs littératures nationales qui conviendraient à un profane en la matière.

Écritures du réel, écritures de la mémoire.

Animées par Sébastian Veg, les Écritures du réel, écritures de la mémoire se sont révélées très intéressantes. Cependant on peut reprocher à cette rencontre de s’être trop centrée sur les écrivains de façon individuelle. En effet il n’y avait pas de possibilité pour eux de discuter, d’intervenir sur les propos des autres invités.




Malgré ce petit défaut, le court moment passé avec Lee Seung-U, Bao Ninh et Chart Korbjitti fut très agréable.




On a ainsi pu apprendre que la notion de mémoire est centrale dans l’écriture des auteurs asiatiques ici présents. Bao Ninh s’est ainsi vu attribuer par ses « camarades » de guerre un véritable devoir de mémoire. C’était le plus instruit, il devait donc dénoncer la cruauté de la guerre, montrer la vérité. Pacifiste dans l’âme, Bao Ninh a prôné la paix et l’amour tout au long de la séance.



Chart Korbjitti quant à lui, bien que forcément influencé par sa mémoire et le passé, préfère se concentrer sur l’avenir. Il a certes eu des périodes sombres dans sa vie, mais passe outre et cherche à construire un futur, son futur.
Il se considère comme un magicien qui pousse ses lecteurs à faire marcher leur imaginaire pour entrer dans son univers.





Concernant l’Histoire, Lee Seung-U préfèrerait que l’on comprenne qu’il nous rapporte l’expérience individuelle de la vie des personnes qui ont vécu ces différentes périodes.


Parsemée d’humour et de moments poétiques, cette rencontre nous a enchantées, et ce surtout grâce aux auteurs présents !

Rencontre avec Antoine Volodine



RENCONTRE : ANTOINE VOLODINE, GÉRAL MEUDAL.

Le dialogue entre Antoine Volodine et Gérald Meudal a été exposé au public à l’amphithéâtre de la Verrière, le samedi 17 Octobre 2009. Volodine a tenu de suite à préciser un point : pour un individu qui s’est retiré depuis deux ans des manifestations publiques, la venue à la Fête du livre d’Aix-en-Provence est déterminée par l’amitié et la confiance portée à cette manifestation culturelle. Par la suite, l’auteur a longuement exposé ce qui faisait l’originalité de son œuvre, ainsi que sa démarche littéraire. Il apparaît que ces aspects sont convoqués par une dualité des thématiques que Volodine exprime dans ses ouvrages. D’un coté une écriture atypique, dite « extra exotique », voulant se démarquer des contraintes et des traditions de la littérature française. De l’autre une inspiration du fond culturel européen, se basant notamment sur l’histoire du 20e siècle, et les tragédies y étant rattachées. Ces deux notions confèrent aux travaux de Volodine une dimension marginale, plaçant toujours ces derniers dans une définition relativement inclassable. Cela même dans des courants littéraires plus libertaires, que la littérature dite traditionnelle. Comme c’est le cas de la science fiction, auxquels les premiers ouvrages de Volodine sont affiliés, puisqu’ils ont été publiés dans la collection Visions du futur.

Par la suite, Géral Meudal, le maître de conférence, vint à demander à Volodine quelle part asiatique on pouvait trouver dans son œuvre. Cet ancrage se définit sur deux points. Tout d’abord, vis à vis de la localisation géographique, comme c’est le cas de la ville de Mackau. Endroit apprécié de l’auteur, qu’il décrit comme un lieu de transition, de départs et de disparitions. Et ensuite, le fait que la psychologie et les situations dans lesquelles se retrouvent les personnages, tend à approcher du bouddhisme. Volodine explicita cela, en exposant le fait que l’état de rumination sur l’histoire humaine, ainsi que l’enfermement carcéral dans lequel se trouvent ses personnages, est proche du Bardo du livre des morts tibétain. À savoir un espace transitoire et indéfini après la mort, où les individus sont appelés à l’errance et la méditation durant 49 jours. Cette référence au Bardo semble être récurrente dans l'œuvre de Volodine, étant donné que certains ouvrages disposent de 49 chapitres, et que les personnages franchissent au long de la narration 49 étapes initiatiques. Mais l’auteur appelle au fait que chaque aspect de son œuvre reste assimilé a un inconscient collectif, un « patrimoine mental » comme il le définit lui-même. L’ancrage n’est plus national, mais humain.

Volodine a ensuite répondu à une interrogation, stipulant s’il concevait sa démarche avec une vision d’architecte. Ce dernier a répondu qu’il s’est réellement mis à concevoir son œuvre comme un édifice littéraire, à partir du moment où il pu prendre du recul vis a vis de ses premières productions. Notamment en échangeant avis et suggestions avec la critique et le public. Dès lors, l’écrivain a pu appréhender son œuvre comme une « construction musicale », et la revoir comme une mise en espace. Ainsi, il peut tisser des liens d’un livre à l’autre, comme c’est le cas d’une thématique abordée : le retour sur un passé idéalisé, ne subsistant que dans la mémoire. Volodine exprima ensuite le fait que son œuvre connaîtra un achèvement, qui serait dans la mesure du possible de son vivant.

Ces propos terminés, le public a participé au débat. Une personne demanda à l’auteur quel rapport il entretenait avec le théâtre. Ce dernier répondit qu’il a récemment pris pied dans cet univers, qui jusqu’à lors lui était inconnu. Il a découvert un monde qu’il définit sincère et généreux, avec lequel sa collaboration pourrait bien durer. Car Volodine exprima son engouement à vivre quelque chose de neuf; cette démarche s’inscrivant dans son approche de l’écriture - à savoir marquer son style dans la marge.

Projection du film « Voyage à Pékin 1909 »


C'est à 14h30, devant un public silencieux et attentif, et après l'introduction de Liliane Dutrait, présidente des « Écritures Croisées » – dont l'interview a été publiée précédemment sur ce blog – qu'a débutée la projection du film Voyage à Pékin 1909, réalisé par Albert Khan. Tenu à la manière d'un carnet de voyage – avec la date annoncée visuellement à chaque jour nouveau – ce très court film (29 minutes !) relate, à l'aide de photographies et de courts passages filmés, l'excursion d'Albert Khan et de son assistant – auteur des images – en Asie, au début du XXe siècle. Si l'on passe outre la qualité médiocre de la pellicule (due à l'ancienneté de l'enregistrement du film), cette oeuvre demeure intéressante de nos jours pour la vision qu'elle offre de la Chine, et, plus largement, de l'Asie – vision très différente de celle que nous avons aujourd'hui de cette région.

Signatures des écrivains invités











Une heure avec Minaé Mizumura




La rencontre s'ouvre par une question posée par Anne Bayard-Sakai "Que signifie pour vous d'être traduite en français?"
"Un miracle" selon cette auteur francophone qui n'aurait jamais pensé être publiée en français, qui plus est au sein d'une maison d'édition aussi prestigieuse.

Anne Bayard-Sakai l'interroge ensuite sa dernière publication : Târo, un vrai roman.
Il s'agit de son troisième roman, le titre renvoie à un débat qui à eu lieu au sein des écrivains japonais au début du XXe siècle : existe t-il un roman japonais qui se distingue du roman européen ? Une fraction de ces écrivains défendaient la narration de la vie quotidienne de l'auteur, l'autre la fiction à l'européenne. Ce débat a duré jusqu'aux années 1960; période où l'américanisation du Japon a rendu désuet ce genre de prise de position. Pour l'écriture de Tarô, un vrai roman elle déclare s'être fixé comme objectif de réaliser une oeuvre de fiction.

Anne Bayard-Sakai évoque ensuite les références à Les hauts de Hurlevent. Minaé Mizumura a lu Les hauts de Hurlevent en japonais durant son enfance, puis une seconde fois en langue originale lorsque sa maîtrise de l'anglais fut suffisante et fut frappée par la qualité du roman au point d'éprouver de la jalousie. Même si elle considère le roman d'amour comme "stupide" elle a voulu basé le sien sur l'oeuvre d'Emily Brönté. La singularité de son roman est due a l'utilisation d'une technique romanesque qui rappelle Manon Lescaut; un récit, par un des protagoniste, est "enchâssé" entre deux parties assurées par un narrateur qui na prend pas part à l'intrique. Les première et dernière partie du roman sont narré par une femme éduquée, ce qui fait référence au personnage de Lockwood de Les hauts de Hurlevent, la partie centrale par une servante. Autre clin d'oeil à Manon Lescaut, l'inversion du thème de la femme fatale. Minaé Mizumura considère comme une revanche cette mise en scène de l'homme parfait tout aussi invraisemblable que les femmes fatales nées de l'imagination des écrivains.
La rencontre se poursuit avec la présentation d'un de ses précédents ouvrages An i novel from left to right dont l'originalité réside dans l'entremêlement de l'anglais et du Japonais mais aussi dans sa mise en forme. L'alphabet japonais lit de haut en bas et de droite à gauche, ici, cas unique dans la production éditoriale japonaise, la lecture se fait de gauche à droite.

Minaé Mizumira évoque ensuite un événement qui a provoquer une rupture dans sa vie; son déménagement aux États-Unis lorsqu'elle avait 12 ans. Une rupture douloureuse puisqu'elle déclare avoir hais la langue Anglaise dans laquelle elle n'arrivai pas à s'exprimer, et ainsi était considéré comme une arriérée mentale. Son aversion pour la langue anglaise à décrue mais elle considère toujours comme une injustice la multiplication des chances d'être lu si on écrit en langue anglaise. Ce constat l'amène à parler d'un de ses essai intitulé Le moment ou le Japonais disparaîtra. Sa thèse, la menace de disparition que fait planer l'anglais sur les autres langues, a soulevé une polémique au Japon du fait que beaucoup n'ont pas compris que le titre fait référence au Japonais écrit. Le recul du japonais écrit, selon Minaé Mizumura trouve ses causes dans la disparition du lectorat. Ce phénomène serai une conséquence de la "stupidité du ministère de l'éducation et des linguistes de l'après guerre", le premier a limité à trois heures par semaine, et à l'étude d'une seule oeuvre par an les cours de Japonais, et les seconds on pris le partie d'un appauvrissement de la langue japonaise. Cette "révolution culturelle graduelle" est considéré par Minaé Mizumura comme la première étape d'une invasion de l'anglais.

Lorsqu'on l'interroge sur ses projets Minaé Mizumura nous parle d'un roman feuilleton, son objectif étant de produire une littérature accessible à tous mais pleine de références à la tradition littéraire japonaise. La trame devrai mettre en scène une femme prisonnière d'un mariage malheureux car ne pouvant divorcer pour des raisons financières; une histoire qu'elle pense présente dans le psychisme de beaucoup de Japonaises au même titre que celle de Madame Bovary dans celui des Françaises du XIXe siècle.

Lorsque vient le moment des questions du public le dialogue s'oriente vers le problème du monopole de la langue anglaise; Minaé Mizumura déclare a cette occasion que le Japon devrait imiter la France pour sauvegarder sa culture et sa langue. La question récurrente de la traduction est ensuite abordée, celle ci reste problématique dans le cas de la littérature japonaise où la forme, décrite plus haut, revêt autant d'importance que le fond.

Être écrivain aujourd'hui en Chine et en Corée... et Vietnam !

Le public de la master class.

Petit changement de programme pour la master classe de ce samedi matin. Initialement intitulée « Être écrivain aujourd’hui en Chine et en Corée », elle s’est vue attribuée le Vietnam en plus du fait de la présence de Thûan. Cette dernière étant en effet obligée de partir ce soir, ne pourra donc pas être présente dimanche matin comme prévu.


C’est donc en présence de Kim Young Ha, Li Ang, Lee Seung-U, Xu Xing et donc Thûan que débute la rencontre animée ou plutôt « présidée » comme l’a souligné Lee Seung-U par Noël Dutrait.


Les points de vue divergent dès la première question posée par un étudiant en chinois. En effet si Kim Young-Ha n’a pas le temps de savoir quelle est son identité en tant qu’asiatique ou coréen, Li Ang, après une remise à niveau sur le plan historique, quant à elle se définit comme écrivaine taïwanaise à part entière, mais surtout auteur féminine.


Sur la question des influences littéraires des différents écrivains présents, les réponses sont unanimes. Pour un asiatique, ne pas avoir lus les grands classiques européens signifie être inculte. Les auteurs ont donc tous été plus ou moins influencés par les européens, notamment les français, et plus rarement par ce qu’ils appellent les mauvais romans.


Vient ensuite la très vaste et inévitable question de la raison pour laquelle ils écrivent.
Certains comparent alors l’écriture au voyage (Thûan), d’autres expriment leur besoin presque vital d’écrire (Lee Seung-U et Xu Xing), tandis que pour Kim Young-Ha, cela lui donne un véritable sentiment de liberté.


S’ensuit une grande discussion sur la traduction et la relation avec le traducteur, problème que Thûan ne rencontre pas puisque sa traductrice est sa sœur jumelle ! Mais quand certains n’ont pas cette chance, il arrive que des erreurs se glissent dans la traduction. Kim Young-Ha espère que ces potentielles fautes embelliront sont texte, et Li Ang, « victime » d’une traduction erronée, estime, à juste titre, que ces fautes n’ont pas leur place dans ses romans.

Quant à Lee Seung-U, il s’estime heureux d’être traduit tout simplement car il fait parties de ces écrivains plus connus à l’étranger que dans son propre pays.


Pour finir cette séance, les écrivains nous parlent de leur façon d’écrire : avec un stylo quand ils sont pris par la passion de l’écriture, avec un ordinateur parce que c’est plus commode, plus pratique…

samedi 17 octobre 2009





































La Fête du livre de l'extérieur.

Stand de librairie à l'intérieur de la Méjanes.

Interview de Liliane Dutrait


Il est maintenant temps de vous éclairer sur le choix de l’Asie pour cette 26e édition de la Fête du Livre. C’est donc avec l’aide de la présidente Liliane Dutrait que nous allons expliciter ce thème.



Pourquoi avoir choisit l’Asie cette année ?


L.D. : Jusqu’à maintenant Les Écritures Croisées n’avaient jamais évoqué l’Asie dans sa globalité. Une édition avait été consacrée à la Chine, et une autre au Japon, mais elles étaient toujours très spécifiques.
Ce choix relève surtout d’un concours de circonstance. En effet, la section de recherche de l’université de Provence dirigée par Noël Dutrait sur la traduction souhaitait organiser un colloque en décembre sur ce thème. C’est donc tout naturellement que Les Écritures Croisées ont pensé à organiser cette 26e édition sur l’Asie, permettant ainsi au colloque d’avoir lieu en même temps.



Qu’en est-il du choix des auteurs ?


L.D. : Il a été fait essentiellement par les chercheurs de l’équipe. Ils ont privilégié des auteurs moins connus du grand public en Europe afin de nous faire découvrir d’excellents écrivains.


Quel est votre ressenti sur ce qui se passe depuis le début de la Fête ?


L.D. : C’est formidable ! Les auteurs parlent tous avec une grande franchise, une grande liberté. Ils sont tous très sympathiques et ouverts.

Projection cinématographique « Me thao - il fut un temps »

SÉANCE CINÉMATOGRAPHIQUE MÊ THAO -IL FUT UN TEMPS

Comme l’a affirmé Guy Astic quand il assura la présentation du film Tropical Malady le jeudi 15 octobre, l’institut de l’image favorise cette année dans le cadre de la fête du livre, la présentation d’un cinéma méconnu du grand public comme notamment la production thaïlandaise, et vietnamienne. En corrélation avec cette démarche, le public pouvait donc assister le vendredi 16 octobre a 20 h à la diffusion du film vietnamien Mê Thao- il fut un temps.
Ce dernier a été conçu en 2003 par la réalisatrice Viet Linh, née en 1953 et ayant effectué ses études a l’école du cinéma soviétique.

Mê Thao - il fut un temps est tiré d’une nouvelle de l’auteur Tuan Nguyen, dont Viet Linh aura pris le temps de rencontrer les membres de la famille. D’après les propos de Jade Nguyen qui a présentée cette séance, le film aurait demandé beaucoup de temps et d’énergie à sa réalisatrice. En effet, le Vietnam semble être une société qui se transforme de plus en plus rapidement, alors que le contexte temporel de l’intrigue est celui des années trente. Dans un souci de crédibilité, il fallait donc présenter aux spectateurs des décors épurés des éléments de la modernité contemporaine. Tâche assidue lorsqu’on pense que cette production ne s’inscrivait pas dans un budget hollywoodien, et fait partie d’un cinéma peu diffusé.

Comme cela a put être explicité précédemment, l’intrigue du film se déroule dans le Vietnam des années trente. Les deux personnages principaux sont M. Truong et M. Nguyen. Le premier est un joueur de luth adroit, le second un aristocrate puissant et respecté par ses pairs. Ces deux individus aux caractères et occupations opposées, seront amenés à se rencontrer lors d’une nuit à Hanoi, où M. Nguyen prendra plaisir à écouter la musique de Truong ainsi que la voix de la chanteuse Tao. Mais la soirée prendra une tournure dramatique puisqu’un jeune homme ivre fera irruption dans l’assemblée, menaçant Tao et les convives de son revolver. Truong prendra peur et viendra à lutter avec l’intrus, provocant ainsi sa mort. Ce dernier était membre de bonne famille, assez influente pour compromettre l’avenir de Truong, sinon son intégrité physique. À partir de là, Nguyen va proposer au musicien de l’héberger dans son vaste domaine, Mê Thao. Truong accepte, non sans ressentiment car le sort de Tao pour laquelle il semble épris, reste incertain. Arrivé a Mê Thao, Truong va assez vite s’acclimater à son nouvel environnement, ainsi qu’à la fonction qui lui a été déléguée, à savoir d’être le principal intendant de son bienfaiteur. Cette quiétude va vite être interrompue par la mort accidentelle de la compagne de Nguyen. Ce dernier sera alors plongé dans une longue décrépitude physique et mentale, qui aura des conséquences terribles sur son domaine et cela aussi bien sur le plan économique que social. À mesure que l’état de Nguyen empire, ses serviteurs vont se démarquer de ce qui faisait alors leur quotidien.
On assiste donc à une opposition patente de deux conceptions de la vie. La tradition et le système aristocratique, grignotés par l’essor de la modernisation, cette dernière étant incarnée par les chemins de fer et le colon français. Ce film pourrait évoquer Le guépard de Lampedusa, puisqu’on assiste de l’intérieur à la décadence d’un système politique et social, au profit de l’émergence d’un ordre nouveau.
Après tout le titre du film reste éloquent.

Mais il ne faudrait pas considérer Me Thao - il fut un temps, comme une chronique historique du Vietnam des années trente. Le thème central reste celui de l’amour - ou surtout la perte, la disparition des êtres aimés et les comportements de cristallisation que cela peut engendrer. C’est le cas de Nguyen avec son épouse et de Truong avec Tao. Les protagonistes vont idéaliser les individus dont ils sont épris, jusqu’à les élever a un rang quasi divin, ce qui les conduira à leur perte, car, comme l’affirme Nguyen, « tout aveuglement se paie au prix fort ». En effet, la réalité concrète les rattrapera, et les plongera dans l’amertume et la frustration. Face à cet état des choses, seule la mort semble être une alternative acceptable, même si cette dernière frappe les individus contre leur gré. Le film est donc majoritairement dramatique, mais plusieurs registres s’y confondent. On y trouve parfois de l'ironie, ainsi que des éléments fantastiques qui reflètent les fantasmagories des protagonistes. Le ton est résolument lyrique, symbolique, ces aspects étant révélés par la beauté des images, ainsi que la bande sonore d’une grande qualité.

Les personnes que l’équipe blog ont interrogées disent avoir apprécié le film, du fait qu’il permettait de plonger dans un monde aux antipodes de notre civilisation, mais également le fait que le tout était touchant par son coté désuet. Ce dernier point pour certain est apparu comme un défaut majeur, puisque était reproché une vision très achétypée, « clichée », de la psychologie humaine, ce qui n’est pas sans rappeler certains éléments du cinéma soviétique, par lequel la réalisatrice a été influencée.

En ce qui me concerne, la projection a été agréable, et je n’aurai que deux remarques négatives à exprimer ici:
- Premièrement, le film commence en faisant une ellipse sur une époque nous étant contemporaine, avant de se plonger dans les années trente. Mais cette corrélation semble peu utile, car on ne peut rattacher aucun lien concret aux deux périodes, cela a l’inverse de Land and freedom de Ken Loach, par exemple.
- Ensuite, les doublages des protagonistes français sont assez risibles.

Mais dans l’ensemble, on est devant une œuvre de qualité, tant par la réalisation que par la pertinence des thématiques convoquées.

Débat « Écriture et modernité »


Écriture et modernité, avec Kim Yound-Ha, Minae Mizumura, Xu Xing animé par Noël Dutrait.

Malgré les prédictions de Noël Dutrait, le débat n'a pas trop souffert des problèmes de traduction; les dialogues entre les auteur et leurs traducteurs ont même conférés une atmosphère moins solennelle à la rencontre.
Noël Dutrait a ouvert la rencontre par une présentation rapide du parcours de chaque auteur : Minae Mizumura, qui a longtemps vécu au États-Unis, a eu besoin de retourner au Japon pour pouvoir écrire; Kim Young- Ha a fait de la modernité un des thèmes central de son oeuvre; et Xu Xing qui s'est distigué dans les années 1980 par une écriture libre des « contraintes politiques et sociales ».

Dans son dernier ouvrage, Minaé Mizumura a fait la démonstration d'une écriture volontairement moderne, tout en étant ancrée dans une certaine tradition littéraire; jusqu'à la 130ème page le « je » est celui d'une narratrice extérieure à l'histoire avant de devenir celui d'une des protagonistes. L'intrique, quant à elle, rappelle un classique de la littérature anglaise : Les hauts de hurlevent. La parole est ensuite donnée à l'auteur, qui évoque un épisode de son enfance : ses pleurs quand son père lui a acheté un pyjama, ce qui signifiait pour elle qu'elle était considéré comme un garçon. Elle s'étonne donc d'être ici avec des hommes, alors qu'enfant elle considérait l'activité littéraire comme exclusivement masculine, pour parler d'un sujet aussi important que l'écriture et la modernité. Elle souligne tout de même son absence de complexes face aux deux autres auteurs présent par un trait d'humour sarcastique : l'un a grandit pendant la révolution culturelle (Xu Xing), et l'autre n'a pas l'air très cultivé (Kim Young-Ha).
À la suite de quoi elle fait un exposé de l'évolution de la littérature et de la société japonaise dans son esemble à travers le récit des tribulations d'un de ses personnages qui avait 20 ans en 1854, l'année du pilonnage des ports japonais par le commandant de marine américain Mattew Perry qui marque l'ouverture forcée du Japon à l'occident. Décidé a quitter le Japon, il entreprend de se rendre a Nagazaki puis à Osaka pour étudier le Néerlandais, la seule langue étrangère alors enseignée au Japon. À cette occasion, il se rend compte de l'occidentalisation progressive du Japon et gagne Yokoama, la seule ville autorisée a accueillir des étrangers, où il décrouve l'inutilité du Néerlandais puisque la plupart des européens au Japon sont anglophones. Ce récit met en scène les grands bouleversements de « l'ère Meiji » : bouleversements politiques, sociaux et économiques, mais aussi culturels par l'introduction de la littérature occidentale au Japon. Les oeuvres de la littérature européenne sont d'abord transposées dans le contexte japonais, on a par exemple vu des traductions de Shakespeare où les personnages portent des noms japonais, et ce n'est que 20 ans après le début de l'ère Meïji que sont publiées de vraies traductions. Cette ouverture à la culture occidentale a engendré la littérature japonaise moderne et une évolution de la langue japonaise; un langage qui exprime « l'âme moderne ».

La question posée à Kim Young-Ha fut « Que pensez vous du qualificatif de post-moderne ? », l'adjectif étant souvent utilisé pour définir son oeuvre pleine de référence à des écrivains occidentaux tels Ernest Hemingway, André Malraux ou Oscar Wilde. Aprés un hochement de tête, Kim Young-Ha a déclaré ne pas se soucier des étiquettes : tous les auteurs tentent de capter la réalité, lui-même tente de cerner la réalité de la Corée actuelle. Il conçoit la Corée, nation coincée entre la Chine et le Japon, comme une « gare routière », un lieu de passage, rencontres et collision. Il évoque ensuite l'intrigue de son dernier roman : un espion dormant nord-coréen qui n'a plus reçut d'ordres depuis 20 ans reçoit celui de rentrer en Corée du Nord. Nouvelle question de Noël Dutrait : « les critiques français ont vu dans le fait que l'intrique se déroule sur 24 heures l'influence de la série télé américaine 24 heures, est ce vrai ? ». Cette question a été l'occasion pour Kim Young-Ha de rappeler que son roman a été publié en 2003 en Corée alors que la série 24 heures n'existait pas, écrire un roman avec un intrique sur 24 heures était simplement un défi.
Le débat s'est poursuivit avec Xu Xing, que l'on a associé à la « Chinese beat generation ». Son élocution commence par des rires : son dernier livre est beaucoup plus mince que ceux des deux autres auteurs. Il avoue être un mauvais orateur, et préférerait que la conférence se poursuive sous la forme d'un dialogue, puis nous parle de sa carrière littéraire. Il commence a se faire connaître en 1985, qualifié de moderne voire d'avant-gardiste, il n'est toutefois pas familier avec ces notions qu'il qualifie de « vocabulaire ». En 1989 il a perdu l'envie d'écrire, jusqu'en 2004 où "certains événements" lui ont fait prendre conscience des évolutions de la Chine, conséquences de son ouverture, et ainsi a retrouvé son inspiration. Répondant à sa demande d'un dialogue Noël Dutrait l'interroge sur le sens du titre de son dernier roman Le crabe à lunettes. Xu Xing pense que la question devrait être posée à son éditeur qui a sûrement voulut un titre humoristique, lui même plaisante, et réussi à provoquer des éclats de rire en répondant à la question « quels sont vos projets ? » par un « j'ai écrit tout le reste sera pour toi, maintenant j'aimerais écrire tout le reste ne sera pas pour toi, parce qu'il ne reste plus grand chose ».

Noël Dutrait oriente ensuite le débat vers un thème commun aux oeuvres des trois auteurs; l'amour et le sexe. Minae Mizumura déclare s'être servit du thème usé de l'amour impossible dans son dernier roman pour pouvoir se concentrer sur la forme. Plus prolixe, Kim Young-Ha évoque son premier roman Mort à demi-mot, écrit avant son mariage à une époque ou il était « plein de libido et de testostérone ». Il a cru pouvoir se tourner vers d'autres sujets après son mariage, mais déclare encore sentir les attaques de sa libido lorsqu'il est assis à sa table de travail. On peut retrouver des traces de cette lutte dans ses oeuvres, en particulier dans L'empire des lumières qui met en scène une partie à trois, ce qui a soulevé les critiques de ses amis qui ont jugé cette scène inutile, lui considère que ce type d'excès est l'essence même de la littérature.
C'est le tour de Xu Xing de s'exprimer sur la question. Après une court moment d'hésitation, il déclare ne pas aimer décrire le sexe de façon directe, que sa littérature est dépourvue d'érotisme - on y trouve juste des jeunes gens mus par des pulsions sexuelles. Puis il s'interroge sur ce qu'est l'érotisme, est-ce ce qu'il en a vu sur les affiche des kiosques à journaux aixois, et rappelle sa place prépondérante dans la littérature traditionnelle chinoise.

La parole est ensuite donnée au public. La première question est adressée a Minaé Mizumura et Xu Xing, deux auteurs qui ont longtemps séjourné à l'étranger avant de retourner dans leur pays natal. L'envie d'écrire est elle liée à ce retour?
Minaé Mizumura a évoqué l'impossibilité d'écrire sur le Japon en vivant aux États-Unis, et Xu Xing, de l'érosion de sa capacité a s'exprimer en Chinois aprés deux années passées en Allemagne; ce qui est évidemment un handicap pour un auteur qui ne maitrise pas d'autres langues.

On demande ensuite à Kim Young-Ha si l'érotisme des ses romans a attiré l'attention de la censure; il répond que la censure est maintenant quasi-inexistante en Corée du Sud. La question suivante porte sur l'authenticité de la reconstitution de Séoul, utilisée pour entraîner les espions Nord-Coréens, décrit dans son roman. Il s'avère qu'il ne s'agit pas du fruit de l'imagination de l'auteur qui s'est inspiré d'un article du News Weeks. Kim Young-Ha s'est ensuite étendu sur le traitement de la Corée du Nord dans son roman, il s'est attaché à parler de la vision qu'en ont les sud-coréens, tout en conservant un souci de réalisme puisqu'il a rencontré un réfugié nord-coréen.

La dernière question a mobilisé les trois auteurs : « sont-ils conscients, dans ce contexte de mondialisation, que leurs écritures sont influencées par l'ensemble du monde, et qu'elles n'apparaissent pas aux Français comme "exotique" ? ». C'est Xu Xing qui se lance le premier après avoir déclaré trouver la question intéressante; les 300 dernière années ont produit en Occident une « littérature forte » qui a énormément influencé la littérature asiatique et cet
« européocentrisme » lui parait dangereux. Selon Xu Xing, on enrichi le monde en produisant sa propre littérature, son uniformisation est donc une « tendance meurtrière ». Minaé Mizumura poursuit dans la même veine en déclarant que les auteurs non-Occidentaux doivent résister à la globalisation en puisant leur inspiration dans leurs traditions littéraires nationales. L'étonnement viendra quand Kim Young-Ha, prenant à contre-pied les lieus communs, prend la parole pour dire que l'on devraient plutot s'inquiéter de l'« asiatisation » du monde; ces scènes du métro de Séoul où chacun filme ou regarde un écran pourraient devenir réalité dans le reste du monde ...

Ce débat sur Écriture et modernité a donc eu une résonance particulière du fait des origines asiatiques des romanciers invités : la forme littéraire qu'ils pratiquent est née en Europe. Leur art est donc dans son essence le fruit de la mondialisation qui fait du monde une « gare routière », pour reprendre la comparaison de Kim Young-Ha.
Doan Cam Thi (durant les Écritures féminines)
Anne Bayard-Sakai (durant les Écritures féminines)
Thuân (durant les Écritures croisées)
Yoko Tawada (durant les Écritures féminines)

Li Ang (durant les Écritures féminines)

Écritures féminines



C’est devant des auteurs exclusivement féminines que les spectateurs de la Fête du livre se sont installé ce vendredi à 16h30 afin de discuter des Écritures féminines, au pluriel comme le souligne Anne Bayard-Sakai, l’une des animatrices du débats.
En présence de deux générations différentes (Li Ang, Thûan et Yoko Tawada), la question de la féminité chez les écrivains suscite un incroyable engouement, tant parmi les invités qu’au niveau du public.
Et c’est une Li Ang très heureuse et souriante qui débute la rencontre en tentant de répondre à la question de Anne Bayard-Sakai : « Se reconnait-elle dans le terme d’écritures féminines ? ».
La doyenne des invités commence alors par un bref retour sur l’histoire des féministes de son pays, ajoutant que, pour se joindre à leur combat, dans les années 1990, elle a écrit nombre de romans érotiques dont elle rougit aujourd’hui.
Si Li Ang est féministe dans l’âme, elle ne rejoint pas pour autant l’avis des avant-gardistes qui ne voient pas d’objection à la « promotion canapé » à laquelle les femmes de son pays ont trop souvent recours.

Yoko Tawada prend le relais en expliquant qu’il est difficile de penser à son identité de femme quand on écrit. Elle reste cependant femme dans son corps avec lequel elle écrit, et souligne qu’être femme fait partie intégrante de son oeuvre et de ses fictions.
Pour clore la question, Thûan, en français, affirme qu’elle ne veut pas coller d’étiquette à son écriture, raison pour laquelle elle choisit d’utiliser comme nom de plume son prénom seul, car mixte et donc impossible à cataloguer.

Quand Doan Cam Thi souligne qu’il y a autant de différences entre un écrivain féminin et un écrivain masculin, qu’entre deux femmes écrivains, Li Ang s’oppose. En effet, selon elle, les femmes « n’existent » dans la littérature asiatique que depuis deux siècles tandis que les hommes ont toujours pu devenir auteurs. Et c’est avec une très jolie métaphore –comparant la littérature à un étang, et l’auteur à un pêcheur – que Li Ang a appuyé son argumentation.
Thuân quant à elle est plus nuancée sur la question : pour elle, si les hommes ont pêchés tous les gros poissons, la femme doit garder la force pour attraper ceux qui restent (et qui ne sont pas les moins intéressants).
La question qui se pose alors est celle de l’identité de l’écriture (féminine ou masculine) et de la position de l’écrivain par rapport à cela. Comment le retrouve-t-on dans la traduction ? Selon le pays, le sexe de l’auteur se dégage ou non de l’écriture (comme en japonais où il existe deux langages différents, selon qu’on est un homme ou une femme).
C’est ce moment là que choisissent les animatrices pour faire intervenir le public, aux questions plus ou moins pertinentes.

Mais il est déjà temps de laisser place à la rencontre suivante, Écritures et modernité.

Spectacle de danse butô - «  Waiting » par Carlotta Ikeda

L’amphithéâtre de la cité du livre s’est transformé en un endroit hors du temps hier soir, une bulle hypnotisante s’est formée à l’arrivée de Carlotta Ikeda.

Au cours de cinq parties très différentes sur le plan de la lumière et du son, coupées par quelques secondes dans un noir complet, Carlotta Ikeda s'est exprimée à l'aide de son corps, et nous a réapprit par la même occasion à faire preuve d'une écoute toute particulière. La première partie a sans doute été la plus accessible, étant donné qu'elle a été la seule où l'on a pu entendre la voix d'une femme – parlant de la mort de son frère et de l'amour qu'elle lui portait, puis parlant des mots et de la voix – tout cela sur une musique de piano La deuxième partie a marqué l'arrivée sur scène d'une chaise, au coin avant droit et d'un arbre, au fond de la scène. La musique de cette deuxième partie a changé, devenant plus grésillante, plus oppressante alors que la silhouette de l'arbre se détachait sur une lumière verte. La troisième partie a été la plus courte. Dans cette partie, Carlotta a tourné rapidement sur elle-même et la lumière s'est éteinte, symbolisant la fin de cette partie. Ensuite, un rai de lumière est apparu, traversant la scène de part en part, et la danseuse est sortie de derrière le rideau droit, en cherchant à se rapprocher de l'arbre qui lui s'éloignait vers la gauche. Au fond, une lumière orange est apparue tandis que Carlotta Ikeda se mouvait. Cette partie s'est finie sur l'image de la danseuse couchée sur le dos, les bras tendus vers le ciel et les jambes à moitié relevées. La dernière partie a été dansée sur une musique de guitare mêlée d'une voix de femme; avec au fond une lumière verte. Carlotta Ikeda s'est tournée peu à peu pour se retrouver face au public. Elle relève les pans hauts de sa jupe et courbe le dos, suite à quoi la lumière s'éteint pour marquer la fin de spectacle. Sortis de leur transe, les spectateurs acclament la danseuse, qui revient saluer quatre fois, toujours sous la même horde d'applaudissements.

Les spectateurs interrogés à la sortie de la représentation ont souligné l'aspect surprenant, spécial de cette danse, le côté hypnotique de la danseuse; tout en précisant avoir beaucoup aimé le jeu sur le son et la lumière. Le public s'est dit « suspendu au corps » de Carlotta Ikeda. Pour une personne du public, les expressions du visage de la danseuse étaient la chose la plus intéressante, car elles étaient ce qui se rapproche le plus d'une certaine forme de théâtralité.
Mais qu'ils en aient pensé du bien ou du mal, aucun spectateur n'est resté indifférent à la danse poétique de Carlotta Ikeda.

vendredi 16 octobre 2009

Vernissage de l'exposition Asie : regards croisés



-VERNISSAGE DE L’EXPOSITION ASIE : REGARDS CROISES


On pourrait se demander l’intérêt d’une exposition photographique, dans une manifestation culturelle centrée sur la littérature .
Une première réponse indiquerait que si l'on veut appréhender une thématique dans sa globalité, comme c’est le cas de l’Asie avec la fête du livre , il est bon de diversifier les supports et les moyens d’expression artistique .
Une seconde réponse démontrerait qu’il y a un lien direct entre la démarche des écrivains invités, et le contenu de l’exposition photographique Asie : regards croisés .
Cette corrélation fut mise en évidence lors de la soirée inaugurale ayant eu lieu a 18h30.
On a pu y trouver plusieurs écrivains asiatiques, au nationalités et personnalités différentes, abordant des thématiques propres à chacun d'entre eux.
Le titre de la fête du livre est éloquent, puisque l'on parle de l’Asie des écritures croisées .
Et c’est sur ce point que la démarche des photographes rejoint celles des écrivains .
Un thème commun , mais des manières diversifiées de l’aborder.


Cette pluralité de points de vue semble avoir agréablement surpris le public venu nombreux au vernissage de l’exposition, ayant eu lieu aux environs de 20 h, à la suite de la conférence d’inauguration.

À la plupart des personnes auxquelles l’équipe blog du aura demandé si elles conaissaient la photographie asiatique , la réponse fut « non » ou « très peu ».
Beaucoup venaient par curiosité, ou avec l’intention de « découvrir » ou de « se faire une opinion ».
Bien entendu , la photographie reste, comme tout les arts, un domaine très vaste de par les thématiques abordées.
Et on ne pourrait résumer la production asiatique à la démarche de trois photographes originaires de cette région.
Pourtant , cette exposition reste pertinente car elle couvre des moyens d’expression et des thèmes se complétant .


Nous avons affaire à trois artistes, Luo Dan originaire de Chine , Gap Chul Lee originaire de Corée, et Manit Sriwanchipoo originaire de Thaïlande.
Luo Dan s’ancre dans une démarche de reportage, confrontant le spectateur aux problèmes de la Chine actuelle , tels la pauvreté, la société de consommation et la pollution.
Gap Chul Lee travaille exclusivement en noir et blanc ; ses travaux arpentent une dimension intime, lyrique, où le thème de la nature est omniprésent.
Manit Sriwanchipoo avec ses collages convoque une démarche plus engagée, où à travers le regard et la présence d’un individu vêtu de rose, l’artiste expose sa vision des maux frappant la société thaïlandaise.
Certaines œuvres peuvent déranger par la violence qu’elles renvoient, mais les thématiques abordées sont ancrées dans une réalité concrète qu'est la mondialisation, la répression exercée par le pouvoir politique et les écarts de richesse.


Comme on pourrait s’y attendre, cette diversité artistique s’est accompagnée de la pluralité des réactions de la part des spectateurs.
Si la plupart des personnes interrogées par l’équipe du blog dira avoir apprécié l’exposition dans sa dimension globale, les avis divergent quand est abordé la question des artistes, et la question de leurs œuvres au cas par cas.
Ainsi, une personne m’aura confiée qu’elle appréciait la démarche de Gap Chul Lee, cela pour la dimension pudique qui se dégage de ses travaux. En revanche la démarche de Manit Sriwanchipoo lui semblait « trop surfaite » et « bling bling » .


Mon point de vue reste proche de la majorité de ceux ayant assisté à l’exposition, j’ai globalement apprécié la qualité des œuvres affichées, et n’ai pas de récriminations particulières à exprimer ici - si ce n’est sur deux points particuliers, relevant plus de questions de logistique, que de conception artistique. Premièrement, on pourrait reprocher la gestion de l’espace, pas assez large pour accueillir un nombre aussi important de visiteur, et ensuite le fait quel n’y ait pas assez de précisions sur le parcours des artistes.
Mais ce dernier point peut être discutable car Christian Caujolle - le commissaire de l’exposition - a pris le temps de présenter les photographes au public, ainsi que d’expliciter les raisons de ses choix.


Je n’ai pas de véritable conclusion à établir ici, si ce n’est que l’exposition Asie: regards croisés , permet au même titre que les autres animations culturelles de la fête du livre, telles les spectacles et projections cinématographiques , d’appréhender le très large panorama artistique que peut offrir l’Asie.
C’est la raison pour laquelle cette exposition reste intéressante et ne se limite pas qu’un un rôle purement décoratif.

Soirée inaugurale






La soirée inaugurale s'est ouverte avec Annie Terrier, directrice de l'association "Les Écritures croisées", qui a remercié les auteurs, l'agence "Vu", la ville d'Aix, le ministère de la culture, le conseil régional, les sponsors, les techniciens et bien sur les étudiants en métiers du livre. Noël Dutrait a pris le relais pour rappeler que la fête du livre se déroule en même temps qu'un colloque sur la traduction de la littérature asiatique, et évoquer les problèmes de traduction, conséquence du fait que seuls Thuân et Minae Mizumura sont francophones, ce qui risque de transformer les débats en "missions quasi impossibles".
La parole a ensuite été donnée aux auteurs épaulés de leurs interprètes, auxquels Gérard Meudal a demandé de parler de leurs impressions d'être à Aix-en-Provence pour parler de la littérature asiatique.
C'est avec quelques réticences que Bao Ninh, qui se considère comme un mauvais orateur, a évoqué la relation de cousinage qu'entretiennent le roman français et le roman vietnamien qui n'a encore qu'un siècle d'existence.
Chart Korbjitti fût plus caustique en dénonçant le mépris dont souffrent les littératures des pays en voie de développement, un mépris comparable a celui que peuvent porter les occidentaux aux vêtements thaï. Après avoir lourdement insisté sur la condescendance avec laquelle sont traité les vêtements et la littérature thaï, Korbijitti nous a fait part de ses minces espoirs que l'on trouve un jour sur les étagères françaises "notre littérature" et dans nos armoires "nos vêtements".
Kim Young-Ha a débuté en se comparant à J.Goodal, éthologue célèbre pour son étude des moeurs des chimpanzés, qui - habituée a vivre avec des chimpanzés - avait besoin d'être assistée lors de ses rares déplacements en avions; dans son cas les romans jouent le rôle des chimpanzés. La Provence à une signification particulière pour Kim Young-Ha puisque, selon lui, les meilleurs écrivains français y ont vécu ou y sont morts, mais l'origine géographique d'un écrivain n'a de toutes façons peu d'importance pour cet auteur, qui considère que tous les auteurs appartiennent au "peuple de la littérature".
Lee Seung-U nous a rappelé le sempiternel problème de la barrière de la langue, mais aussi qu'il existe d'autres facteurs de compréhension, ou d'incompréhension, comme les expériences vécues ou la vision du monde grâce auxquels il se sent parfois plus proche des écrivains français que des Coréens.
Li Ang, a réussi a introduire un peu d'humour (taïwanais?) dans cette soirée inaugurale en nous racontant qu'elle s'est ouverte les os en tentant d'ouvrir les eaux de la mer rouge (jeu de mots volontaire?), et que conséquence elle ne peut s'asseoir sans son oreiller. Elle envisage d'ailleurs, en faisant au passage un clin d'oeil a l'oeuvre d'Umberto Eco, d'écrire un roman intitulé Voyage à Aix avec mon oreiller. Fidèle à sa réputation d'auteur engagée - dont la phrase la plus marquante reste "une femme devient libre lorsqu'elle a tué son mari" - elle espère profiter de cette concentration d'écrivains asiatiques pour débattre de la place de la femme dans les différents pays extrême orientaux.
Ce qui a permis à Xu Xing de rebondir avec un "j'espère que Li Ang est contente d'avoir un homme à sa gauche". Lors de sa première promenade dans les rues d'Aix en Provence la ville lui a semblé posséder, comme l'activité littéraire, un "haut degrés d'individualité/individualisme" (termes traduits de la même façon en chinois). Il se réjouit donc de la rencontre entre Aix en Provence et la littérature.
Minae Mizumura, qui semble tourmentée par la question "quel sens y a t-il a parler de la littérature asiatique à Aix ?", a exprimé son respect pour la culture française qui permet l'organisation de ce genre d'évènement tout en déplorant la mauvaise qualité des traductions d'oeuvres asiatiques.
Yoko Tawada, elle, nous a parlé du contraste entre Aix-en-Provence et Marseille qu'elle compare à celui entre Kyoto et Osaka. Nouveau jeu de mot : le mot "Aix" l'intrigue, en Allemagne - où elle passée une partie de sa vie - on l'utilise dans "ex-RDA" ou "ex-petite amie". Le mot Asie lui semble aussi curieux; il a été forgé en Europe, a des relents nationalistes au Japon, et ne rend pas compte de la diversité des cultures extrême orientales. Elle a enchaîné avec la lecture d'un poème japonais aux sonorités étrangement évocatrices; une autre preuve que la différence de langue n'entrave pas toujours la communication.
Thuân nous a parlé de sa conception du roman; un art comme les autres qui doit se renouveler pour survivre; chaque convention étant appelée à disparaître pour laisser la place à d'autres qui disparaîtront à leur tour. Le roman devient un art de plus en plus familier aux auteurs asiatiques qui ainsi transgressent leurs traditions littéraires pour entrer dans la post-modernité.

Qui êtes-vous ?

Grande nouveauté en cette année 2009 : quatre étudiants du département information-communication option métiers du livre de l'IUT d'Aix-en-Provence ont été mobilisés pour vous faire part de leur expérience en tant que spectateurs de la Fête du livre.

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