Du cinéma indépendant pour commencer...

Jeudi 15 octobre, 16h30, salle Armand Lunel de la Cité du livre d’Aix-en-Provence. Alors que les étudiants du département information-communication option métiers du livre s’activent avec les libraires et autres techniciens pour mettre les stands en place, Guy Astic commence son introduction à Tropical Malady de Apichatpong Weersethakul.

Une petite quarantaine de personnes, venues assister à la projection souvent par curiosité, parfois par intérêt pour la culture asiatique, écoutent ce cinéphile aguerri commenter avec passion l’œuvre à venir.
Troisième long métrage du réalisateur thaïlandais, Tropical Malady est comme l’affirme Guy Astic, un « film mille feuille, multicaractéristique à la recherche de son identité » divisé en deux parties. Mélange de fonds littéraires, de mythologie et d’histoire fantastique, le film est « une description originale de la modernité qui évoque l’homosexualité » ajoute t’il. Il se situe entre modernité, tradition, invention et réinvention. Il pose la question de l’identité et de l’articulation des choses entre elles.

Apichatpong nous offre ici un film d’une fabuleuse qualité sur le plan plastique. Un extraordinaire jeu sur l’ombre et la lumière, la beauté de la nature, les paysages en parfaite adéquation avec le travail réalisé sur les sons. Guy Astic nous avait prévenu « c’est un parcours sensoriel qui nous désapprend à voir », et au contraire nous réapprend à entendre, à écouter la beauté de la nature qui nous entoure.
Sur le fond, le film laisse sceptique, perplexe. Il est difficile de trouver une cohérence quant aux deux parties, la première étant plus facile, plus prenante. Dépourvue de dialogue jusqu’aux dix dernières minutes, la seconde partie manque d’explication, on ne sait plus vraiment où on est et ce qu’il se passe. Mais la magie de l’image nous happe et nous tient jusqu’aux dernières secondes.

Interrogés à la sortie de la salle, les spectateurs sont mitigés et surtout très partagés. Les uns se sont profondément ennuyés, d’autres ont été emballés. Quand certains n’ont pas compris la seconde partie, d’autres malgré l’étrangeté sont passionnés.
Vraisemblablement un film qui n’a pas de demi-mesure. On aime. Ou pas.